Cuba: 60 ans des brigades de solidarité

par Saverio Pipitone [Bulletin 106 Mai 2020 Associations Suisse-Cuba/Genève]

Dans les voyages en Amérique latine en 1952, le Ernesto Guevara, avant de se diplômer comme médecin, a traité des lépreux, a vu la misère et l'exploitation, a compris quoi faire dans la vie: aider les autres. Sept ans plus tard, avec Fidel Castro et le mouvement révolutionnaire du "26 juillet", il a pris Cuba pour un avenir meilleur. 

Immédiatement, dans Cuba libérée, les brigades mondiales de santé d'urgence et de securs voient le jour. Celles-ci, pour la première fois, agissent au Chili pour le grand tremblement de terre du 22 mai 1960 qui a provoqué l'éruption du volcan Puyehue et un tsunami dans tout le Pacifique. Elles reviennent au Chili pour le tremblement de terre du 8 juillet 1971 dans la région de Valparaiso. Elles se rendent au Pérou pour le tremblement de terre du 31 mai 1970, qui en une minute détruit le nord et génère une avalanche du mont Huascarán vers la vallée d'Ancash, frappant la ville de Yungay avec une masse d'eau, de boue, de pierres et de glace. Elles atterrissent au Nicaragua, frappé le 23 décembre 1972 par une série de tremblements de terre et la famine qui a suivi. Au Honduras, en 1974, décimé par le cyclone Fifi de septembre avec des vents violents et des pluies torrentielles.

Au cours des années 80, elles procèdent entre des cataclysmes telluriques: Algérie, 10 octobre 1980, où elles avaient déjà opéré en 1963 pour aider dans le post-conflit de décolonisation; Mexique, 19 septembre 1985, avec l'effondrement dans la capitale d'une centaine d'immeubles du complexe résidentiel Tlatelolco et les survivants, appelés endommagés, se sont organisés pour reconstruire les maisons et ont par la suite poussé à un processus de démocratisation; El Salvador, 10 octobre 1986, secoué au milieu de la guerre civile décennale entre socialistes révolutionnaires et militaires conservateurs; Équateur, 5 mars 1987, ou ont eu lieu des glissements de terrain tellement puissants pour enterrer des centres habités; Arménie, 7 décembre 1988, violemment secouée. Toujours en 1988, au Nicaragua pour l'ouragan Joan en octobre.

En Iran pour le séisme de Manjil-Rudbar du 21 juin 1990. De nouveau au Nicaragua pour l'éruption volcanique du Cerro Negro le 9 avril 1992. Elles interviennent dans les catastrophes de 1998: inondations pour le phénomène climatique El Niño au Pérou; l'ouragan George en République dominicaine et en Haïti; le cyclone Mitch au Honduras, au Guatemala et au Nicaragua, où le volcan Casita a été rempli tellement d'eau qu'il a débordé. En Colombie pour le tremblement de terre du 25 janvier 1999 dans la région de Quindío parmi les plantations de café. La même année, après la guerre au Kosovo, après que en mars, l'OTAN avec des avions partis des bases militaires italiennes bombarde à plusieurs reprises les territoires de la Serbie. La décennie se termine entre des pluies torrentielles au Honduras et au Venezuela.

Elles travaillent en Équateur, au Nicaragua, au Honduras et au Salvador, au début des années 2000, pour l'épidémie de dengue: une maladie infectieuse transmise par le moustique Aedes Aegypti, qui en 45 jours de vie peut infecter jusqu'à 300 personnes. De nouveau au Salvador pour le tremblement de terre du 13 janvier 2001 et en Algérie pour le tremblement de terre du 21 mai 2003. Puis a été le tour du Paraguay, dans la ville d'Asunción, pour l'incendie du centre commercial "Ycuá Bolaños", survenu le dimanche midi du 1er août 2004. Lorsque la fumée est apparue, des clients paniqués ont tenté de s'échapper, mais les agents de sécurité, sur ordre des propriétaires, ont fermé les portes pour les empêcher de sortir sans payer: des centaines de morts, certains méconnaissables pour les brûlures. L'année suivante, elles se sont rendues en Guyane, gravement affectée par les inondations de janvier avec des infections à leptospirose dues au contact avec de l'eau contaminée par des excréments humains et animaux; Sri-Lanka et Indonésie, dévastés par un tsunami provoqué par le tremblement de terre de Noël 2004.

L'ouragan Katrina arrive en août 2005, devastant la Louisiane, le Mississippi et l'Alabama. Cuba a tendu la main avec une équipe spéciale d'un millier d'agents de santé, appelée Henry Reeve, du New Yorkais tombé pendant la guerre de l'indépendance cubaine de 1868-1878. Les États-Unis refusent tacitement. Le mois suivant, la Henry Reeve a été institutionnalisé en des contingents de médecins, d'infirmières et d'assistants spécialisés dans les situations de catastrophe et d'épidémie, dans le but d'offrir des vies et de démontrer que "les humains peuvent et devraient être meilleurs" (Fidel Castro).

Les premières missions des brigades Henry Reeve fraichement formées sont au Guatemala pour le passage de l'ouragan Stan et au Pakistan pour le tremblement de terre du Cachemire, en octobre 2005. En 2006 en Bolivie pour les pluies torrentielles de février et sur l'île indonésienne de Java pour le tremblement de terre du 27 mai. En 2007, en août, au Pérou en raison d'un fort tremblement de terre et d’un tsunami qui avait touché la côte japonaise et au Belize affligé par l'ouragan Dean; au Mexique pour les énormes inondations de novembre. En Chine pour le séisme destructeur du 12 mai 2008 dans la province du Sichuan. Au Salvador pour l'inondation de novembre 2009 après le passage de l'ouragan Ida.

En 2010, pour les tremblements de terre, du 27 février au Chili et du 12 janvier en Haïti, y restant longtemps pour arrêter le choléra apporté par les casques bleus de l'ONU provenant du Népal. En 2014 en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, contre le virus Ebola. En 2015, elles ont fait diverses interventions: Chili pour les inondations de mars dans le désert d'Atacama, Népal pour le tremblement de terre du 25 avril qui a déclenché une avalanche sur le mont Everest, Venezuela pour les fortes pluies de juin, Dominique pour la tempête Erika du 27 août, Algérie dans les camps de réfugiés oubliés du peuple sahraoui pour les inondations du 20 octobre. En 2016 aux Fidji pour le cyclone Winston en février, en Equateur pour le tremblement de terre dans la province de Manabí le 16 avril et en Haïti pour l'ouragan Matthew en octobre. En 2017 au Pérou pour le retour d'El Niño en mars et au Mexique pour le tremblement de terre du 7 septembre. Au Guatemala pour l'éruption du volcan Fuego le 3 juin 2018. Au Mozambique pour les cyclones Idai en mars et Kenneth en avril 2019, avec des inondations qui ont eu pour effet de reproduire les moustiques vecteurs du paludisme. Pour lutter contre Covid-19, elles sont maintenant en tour dans le monde: Afrique du Sud, Italie, Venezuela, Mexique, Jamaïque, Barbade, Le Cap-Vert et quinze autres nations.

Les calamités susmentionnées font des millions de victimes et, par rapport à l'ère préindustrielle, elles sont de plus en plus fréquentes, intenses et extrêmes en raison des activités humaines de combustion fossile, de déforestation et d'agro-industrie, qui libèrent des gaz à effet de serre dans l'atmosphère partagée et surchauffent la planète, changeant le climat et augmentent les conséquences des tremblements de terre, des éruptions volcaniques et de tsunamis, et les risques d'ouragans et de cataclysmes, car "Chaque endroit sur Terre - écrit le biologiste de l'environnement Stephen Schneider - est connecté dans une certaine mesure, par le système du climat, avec tous les autres endroits: par conséquent, une pression exercé dans un certain point entraînera un sursaut dans un autre point".

Les expéditions cubaines - selon les fois, de 7 à 2.500 opérateurs, avec des dizaines de tonnes de matériel médical en fonction de la gravité des urgences - ont sauvé plus de 1,5 milliard de personnes.

Traduction de Gianni Hochkofler (ASC Genève)